samedi 5 juillet 2014

Winston McAnuff et Fixi, roots et parigot

  •  Winston McAnuff et Fixi A New day

Je n'en finis plus de revoir mon jugement sur le reggae ! Croyant en avoir été définitivement vacciné à l'adolescence (période de tous les excès, notamment musicaux), me voilà encore prêt à réviser mon jugement sur la foi de l'excellente collaboration entre le chanteur jamaïquain Winston McAnuff et l'accordéoniste parigot Fixi. C'est le 2ème album pour ces 2-là après le Paris'Rockin de 2006. En 2013, ils remettent les couverts avec A New day, ambitieux patchwork de musique de tous les horizons.

Winston McAnuff, 57 ans, c'est l'essence du reggae, le vrai, le jamaïquain. Une voix riche, profonde, élevée au gospel et que la France découvre sur le tard, dans les années 2000, pour ne plus jamais la lâcher, faisant de Winston McAnuff un citoyen français de cœur. Fixi, c'est l'autre moitié de Java, le fameux et unique groupe de rap-musette (à découvrir au plus vite pour ceux qui ne connaissent pas encore), accordéoniste et arrangeur de talent, adepte de fusion et toujours prêt à mettre son accordéon de titi parisien au service d'improbables rencontres.

Pour leur 2ème projet, Fixi a appelé plusieurs pointures à la rescousse (M à la guitare, vous avez bien lu, Cyril Atef à la batterie, Lindigo pour les tambours aux accents maloya, excusez du peu !). Tous ces musiciens réunis offrent un écrin à la voix superbe de McAnuff qui ne se prive pas pour lâcher les chevaux. Le rastaman rugit et démontre avec force l'ampleur de sa voix. On n'a jamais été aussi sensible au vocabulaire mystique du reggae, à sa dimension sacrée, à l'émotion et à l'amour qu'il transmet. Fixi ne fait pas que servir le beau chant de McAnuff aux amateurs du genre, il explore de nouveaux sentiers en s'aventurant du côté du maloya (écoutez l'excellent One two three, rien à voir avec l'Algérie) et en inventant, tout au long du disque, une sorte d'afro-pop de banlieue parisienne. Il faut aussi saluer la "facilité" du reggaeman qui évolue dans cet univers hybride comme un poisson dans l'eau, aussi naturellement que s'il y avait chanté toute sa vie. Du coup, tout ressort mieux, l'accordéon, la voix et le plaisir partagé dans la rencontre.

Les plus chanceux d'entre vous les ont vu aux dernières Invites de Villeurbanne, nous on est dégoûté de les avoir raté mais bon, ça valait le coup !

Longue vie à cette idylle !


Garden of love


One two three

Chroniqué à la Bande Son !