samedi 29 juin 2013

L'Instant metal de juin 2013 : barbarie technique de fin de saison


 Je me permets une autocitation datant de la Bande son de mai : "Bon, comme depuis quelques mois je présente des albums pas trop bourrins, le mois prochain, je me lâcherais !". Aussitôt dit, ausitôt fait : on va envoyer du bois avec l'un de mes groupes favoris, les barbares suédois de Meshuggah.

Meshuggah en 1995
 Groupe de metal extrême, expérimental et progressif, ce sont LES précurseurs du djent, mouvement que j'ai évoqué à plusieurs reprises cette saison. Cependant, l'album présent à la médiathèque, Destroy Erase Improve, datant de 1995, et un peu l'avant-djent, puisque ce son apparaitra surtout sur l'album Nothing en 2002.

Jaquette de Destroy Erase Improve
 En attendant, on a affaire ici à un gros morceau de viande à la sauce death/thrash technique, avec une production massive et mécanique, collant parfaitement au genre et rappelant un album sorti la même année : Demanufacture des mythiques cyber metalleux de Fear Factory. Les guitares sont lourdes comme dix enclumes (j'l'avais pas déjà utilisée, cette expression ?...) puisqu'elles possèdent sept cordes sous-accordées et un bon gros son. La basse (à cinq cordes, s'il vous plaît) possède aussi un sacré gain, distillant un son un chouilla saturé (overdrivé, pour les connaisseurs) qui donne de la grosseur et de l'amplitude. Le batteur (comme les guitaristes, d'ailleurs) est un vrai virtuose : on a l'impression d'entendre une machine pouvant jouer n'importe quelle partition tellement il est doué. Le chant est criard et hardcore. C'est bien simple, on ne trouve dans toute la discographie de Meshuggah qu'un seul morceau en voix claire (et encore, bourrée d'effets). Le chant est donc un hurleur confirmé, se lançant dans des envolées torturées et typiquement thrash. Les textes (point que j'évoque rarement dans mes chroniques) valent leur pesant de cacahuètes : toujours aussi abstraits, complexes, psychés, froids et déshumanisés. Ce genre de paroles ne se trouve définitivement nulle part ailleurs. Le tout se met au service de compos exigentes qui, bien qu'elles alternent les passages à tempos modérés et rapides, sont toujours très groovy et très rythmiques. On note également d'autres segments plus mélodiques, voire calmes, avec des solos rappelant le jazz fusion ou le free jazz, notamment dans la pièce Acrid Placidity, n'étant constitué que d'un solo avec une guitare au son clair comme accompagnement. En bref, un album technique, complexe et chirurgical, qui mérite qu'on y jette une oreille pour la virtuosité des musiciens.