samedi 28 juin 2014

Zanmari Baré, maloya et envoûtements

  • Zanmari Baré Mayok Flér

Une nouvelle merveille venue de La Réunion ! Le berceau du maloya nous offre une fois encore la voix d'un de ses illustres représentants. Zanmari Baré s'il signe son premier album avec Mayok Flér n'est pourtant pas un jeune premier. Tombé dans le maloya sur le tard, il a commencé à composer pour lui et ses proches, avec humilité et discrétion, avant d'être encouragé par les siens à sauter le pas. Depuis, il a été adoubé par Danyel Waro lui-même, dont l'ombre tutélaire et bienveillante plane sur l'album. L'illustre aîné prête ses musiciens, son fils et sa voix aux besoins de l'album.

Le maloya, héritier des chants des esclaves, est un genre musical réunionnais. Inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité depuis 2009, il fut interdit de diffusion jusqu'en 1981. Avant cette date, détenir un des instruments qui servent à jouer le maloya était passible de sanction. Depuis, des artistes aussi charismatiques et magnétiques que Danyel Waro l'ont remis à l'honneur. De fait, le maloya est une musique qui a à voir avec le politique et l'identité profonde de la Réunion.

Envoûtant et émouvant, le maloya l'est particulièrement quand il est joué et chanté par Zanmari Baré. Sa voix et ses modulations sublimes sont un enchantement et que dire des arrangements de ses musiciens. Jouées sur des instruments traditionnels bien sûr (le roulèr ou rouleur, un gros tambour qui donne son rythme si particulier au maloya et le kayamb au son frotté caractéristique pour ne citer qu'eux) les compositions de Zanmari Baré lui ressemblent, douces et puissantes, traitant de thèmes à la fois intimes et universelles.

Nul besoin de parler le créole pour sentir l'implication de l'auteur-compositeur dans ses textes et dans sa musique. L'émotion est à fleur de peau et résonne dans cette voix et cette langue que manie si bien le chanteur. Il démontre ses talents de conteur au détour de courts interludes où l'on découvre que sa voix seule, sans l'appui du chant, est diablement évocatrice. Les autres titres, dont le duo a capella avec le maître Waro, sont des joyaux de lyrisme et d'harmonie.

Il flotte un parfum de nostalgie et de beauté pure dans ces 14 titres. A des milliers de kms de l'océan indien, on ne peut qu'être infiniment reconnaissant envers le label Cobalt de partager avec nous ce morceau de Réunion qu'on goûte avec respect et délectation. Un voyage enchanteur.




Chroniqué à la Bande Son !